J'ai lu|Aimer Maria.

Titre : Aimer Maria

Auteur : Nassira Belloula

Maison d’édition : Chihab Editions.

Genre : Roman

Nombre de pages : 154 pages

Quatrième de couverture :

Nora et ses sœurs apprennent, incrédules, que leur mère a décidé de quitter le domicile conjugal après 30 ans de vie commune avec leur père sans qu’aucun signe avant-coureur n’ait annoncé ce départ qui semble irrévocable.

Ainsi commence ce roman décapant qui va, tout au long de ses pages, tenter de forcer les portes cadenassées d’une vie d’épouse, longtemps gardée secrète.

Construit sur l’alternance de deux récits, celui des filles qui s’échinent à décrypter les non-dits des relations entre leurs parents et celui, rétrospectif, de la mère, la seule à pouvoir éclairer la révolte subite qu’elle vient de décréter contre sa soumission.

Intimiste et psychologiquement violent, Aimer maria s’en va disséquer, au scalpel, toute l’idéologie que la société traditionnelle algérienne et musulmane, en général, met en avant pour faire accréditer la suprématie de l’homme sur la femme.

Nassira Belloula est l’auteure d’une quinzaine de romans, essais, récits et recueils de poésies. Après avoir travaillé dans plusieurs quotidiens d’information algériens, elle s’installe à Montréal et collabore à Radio Canada. Actuellement, elle poursuit des études supérieures en Histoire à l’université de Montréal.

Mon avis :

Ne jamais juger un livre par sa couverture, c’est bien le cas du livre « Aimer Maria ».

Le titre nous laisse penser qu’il s’agit bien d’une histoire d’amour au sens propre, oui c’est bien le cas mais il n’est point question d’une histoire d’amour à l’eau de rose mais surtout question d’amour impossible, de privation, de martyre, de maux…

Il s’agit donc de l’histoire de Maria, qui va épouser un homme qu’elle n’aime pas et qu’elle ne connait guère. Son père donne la main de sa fille à un inconnu en raison d’une dette qui devait payer.

A l’époque où Maria se marie, elle n’avait que 16 ans et elle était déjà amoureuse D’Ali, son cousin. Ils s‘aiment depuis leur enfance et rêvent tous deux de se marier.

Suite à ce mariage forcé, arrangé, la vie de Maria va être bouleversé, tout va s’effondrer puisque son mari cet « autre » comme l’appelait si bien va lui mener la vie dure en essayant à tout prix de la réduire à néant, en la maltraitant et la privant de tout « Dès les premiers jours de notre mariage, il me pousse à douter et perdre toute confiance en moi. Il déconstruit tout ce que je représente, me prive de parole, de désirs, de rêves, m’ôte toute perspective afin que je ne puisse voir qu’à travers ses yeux ».

Avec le temps, cette jeune fille rebelle, pleine de vie, rêveuse, cette fille de mer d’autre fois ne devient autre qu’une femme enfermée, privée de tout, une femme silencieuse qui crie tout bas par peur de perdre ses enfants puisque maintenant elle a quatre enfants, elle devient impuissante la mère et la femme soumise.

Et pour encaisser les coups, elle se crée une bulle dans laquelle elle se réfugia, une bulle où personne n’a le droit d’y entrer, elle semble ailleurs, dans un autre monde, une autre époque, sur une autre planète peut-être.

Un corps sans âme ou devrais-je dire les deux ! Elle est devenue l’ombre d’elle-même.

Jusqu’au jour où le déclic se déclenche. Un jour, elle décide de tout quitter et rentrer chez sa mère, elle est prête à tout laisser derrière elle même ses enfants ! Mais pourquoi donc ? Et après 3o ans de mariage ! Pourquoi maintenant ?

L’une de ses filles, Alia va tenter de comprendre !

Un roman à deux voix. Celle de Maria et Alia qui prennent la parole à tour de rôle, la maman racontant ses douleurs et sa soumission et sa fille qui semble ne pas connaitre sa mère et tente de s’approcher d’elle pour qu’elle puisse mieux comprendre son comportement.

Une histoire touchante, bouleversante face à laquelle on ne peut retenir nos larmes. Nassira Belloula avec sa plume poétique tente de remettre en question le statut de la femme dans la société traditionnelle algérienne, un sujet qui lui tient à cœur et face auquel elle refuse de rester indifférente.

A lire !